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Récit

L’Espagne contrainte de relâcher une etarra

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La Cour européenne des droits de l’homme choque le pays en exigeant la libération d’une terroriste basque.
Un opposant à la libération d'Ines del Rio, à Madrid le 21 octobre 2013. (Photo Javier Soriano. AFP)
publié le 22 octobre 2013 à 20h36

Provoquant la colère d’une bonne partie de l’opinion publique et des associations de victimes du terrorisme, Inés del Rio, 56 ans, est sortie hier de prison après vingt-six ans de réclusion. Son arrestation, en 1987 à Saragosse, avait mis fin à l’une des trajectoires les plus sanguinaires d’un membre d’ETA : chef du redoutable et sinistre «commando Madrid», Inés del Rio fut notamment responsable de l’assassinat dans la capitale, en juillet 1986, de douze gardes civils par un attentat à la voiture piégée. D’après la justice espagnole, elle ne devait pas sortir de prison avant 2017, soit au total trente ans de séjour pénitentiaire. C’était compter sans la Cour européenne des droits de l’homme, à Strasbourg, qui, lundi, a rendu un verdict sans appel : la terroriste basque, qui aurait dû être mise en liberté dès 2008, doit être indemnisée par Madrid à hauteur de 30 000 euros.

Tournant. En 2006, le Tribunal suprême à Madrid avait ratifié ce qu'on a baptisé la «doctrine Parot», du nom d'un prisonnier basque dont le cas avait fait jurisprudence. Pour simplifier, cette doctrine ne reconnaît pas les réductions de peine - obtenues grâce à la bonne conduite et aux travaux en prison - ni le plafonnement de la réclusion, et chaque personne condamnée doit payer pour chacun de ses crimes. Et tout cela peut s'appliquer de manière rétroactive. Ce tournant juridique avait bloqué les sorties de prison d'un certain nombre d'etarras et mis du baume au cœur d'