Menu
Libération
Interview

«La pauvreté regagne du terrain en Argentine»

Article réservé aux abonnés
Pour l'ancien ministre de l’Economie Roberto Lavagna, qui a rejoint l'opposition, le gouvernement de Cristina Kirchner a dilapidé les atouts économiques retrouvés du pays.
Dans un champ de soja à Chacabuco, en avril. L'Argentine est le troisième exportateur mondial de soja. (Photo Enrique Marcarian. Reuters)
publié le 25 octobre 2013 à 15h22

Ancien ministre de l’Economie (2002-2005) des présidents péronistes Eduardo Duhalde puis Nestor Kirchner, Roberto Lavagna, 71 ans, est le principal artisan du

à la suite de la terrible crise qui a secoué le pays en 2002. Ex-ambassadeur auprès de l’Union européenne et patron de l’Institut d’études appliquées (Ideas), une fondation spécialisée dans la prospective économique, il vient d’accepter de rejoindre l’équipe du

en vue de l’élection présidentielle de 2015.

Alors que le contexte extérieur, et notamment les prix des matières premières agricoles, est très favorable, la situation économique du pays se dégrade. Pourquoi ?

L’économie du pays se dégrade progressivement depuis 2007. Cette érosion graduelle est due à la conjonction d’une crise politique et institutionnelle aiguë et d’une société fortement divisée par l’action du gouvernement d’un côté, et d’une politique économique de moins en moins rationnelle de l’autre. Ce qui conduit à des désordres monétaires, des pertes d’emplois, des manque d’investissements, des destructions d’entreprises… Alors que jusqu’en 2007 nous tournions avec un taux de croissance moyen de 8,9%, nous en sommes pour l’année 2013 à une croissance de 2,8 % seulement.

Les pronostics pour les deux prochaines années avant l’élection présidentielle de 2015 sont particulièrement sombres. Or toutes les données extérieures sont effectivement favorables, et notamment le prix des produits agricoles dont nous sommes un gros exportateur : en 2005 par exemple, le soja - près de 55 millions de tonnes exportées chaque année - valait 169 euros la tonne, il coûte aujourd’hui 370 euros et a même fait des bonds à plus de 460 euros l