Tous les jeudis, ils sont 32 à s’asseoir autour de la grande table ovale du 10 Downing Street pour la réunion hebdomadaire du cabinet du Premier ministre, David Cameron. Sur ces 32 membres du gouvernement - à l’exception de cinq femmes, ce sont tous des hommes blancs de plus de 40 ans -, 22 ont étudié à «Oxbridge», la contraction usuelle pour parler des prestigieuses universités d’Oxford et de Cambridge. Et pas moins de sept, dont le Premier ministre, ont suivi la filière «politique, philosophie et économie».
L'étiquette Oxbridge ne s'accole pas qu'au gouvernement, elle s'applique à l'ensemble de la vie politique britannique. «Margaret Thatcher a étudié à Oxford certes, mais la chimie. Or, je doute que cela soit possible aujourd'hui au Royaume-Uni», constate Lee Elliot Major, directeur du développement au Sutton Trust, un think tank qui ausculte la mobilité sociale et agit pour la promouvoir.
Entonnoir. De 1944 à 1997, tous les Premiers ministres, du travailliste Harold Wilson au conservateur John Major (qui n'a pas été à l'université), ont étudié dans les fameuses grammar schools, des écoles secondaires publiques mais sélectives. En 1975, ces établissements ont été abolis, le niveau des écoles publiques a baissé, et l'enseignement privé a pris le dessus pour préparer les élites. L'entonnoir de la sélection démarre très tôt. «Le pouvoir des écoles primaires et secondaires, où se forme déjà ce qu'on appelle le "old boy