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Interview

Mazowiecki, «un sage de la politique polonaise» est mort

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Georges Mink, spécialiste de l'Europe centrale, revient sur le parcours du premier chef de gouvernement non communiste du bloc soviétique.
publié le 28 octobre 2013 à 16h25

L’un des derniers grands témoins de l’aventure Solidarnosc et de la transition de la Pologne vers la démocratie a disparu : Tadeusz Mazowiecki est mort ce lundi à Varsovie, à l’âge de 86 ans. Georges Mink

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, sociologue spécialiste de l’Europe centrale et orientale, directeur de recherches au CNRS et directeur d’études au Collège d’Europe, dresse le portrait du chef du premier gouvernement non communiste en Pologne, nommé à l’issue de la table ronde pouvoir-opposition du printemps 1989 suivie d’élections.

Mazowiecki fut en 1989 et 1990 le premier chef de gouvernement non communiste du bloc soviétique. Quelle a été son action ?

Il a été l’homme de la transition du communisme vers la démocratie. En une dizaine de mois seulement, il a réussi deux chantiers majeurs. D’abord, il a introduit et justifié une politique économique très douloureuse mais qui a permis l’arrivée de la croissance. Ce fut la «thérapie de choc», dont la Pologne bénéficie encore aujourd’hui. Et, sur le plan de la politique étrangère, il a obtenu que la réconciliation entre l’Allemagne et la Pologne se fasse avec l’acceptation par les Allemands et Helmut Kohl de la frontière Oder-Neisse, la frontière d’après la guerre. Un élément déterminant pour la construction européenne.

Que représente Mazowiecki pour les Polonais ?

Il existe deux visions de Mazowiecki en Pologne. Une partie des Polonais le voit comme le grand homme d’Etat qui a construit la voie de la sortie du communisme vers la démocratie et l’économie de marché. C’était une très grande figure morale, une sorte de sage de la politique polonaise. Jusqu’au bout, il a pesé. C’était une digue contre tous les pop