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Interview

«Il est devenu inconcevable de payer les jihadistes»

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Auteure d’un livre sur la gestion des kidnappings, la journaliste Dorothée Moisan analyse l’évolution de la doctrine sur les rapts depuis l’élection de Hollande.
publié le 29 octobre 2013 à 22h16
(mis à jour le 30 octobre 2013 à 10h06)

Spécialiste des affaires judiciaires et policières à l'Agence France-Presse, Dorothée Moisan est l'auteure de Rançons, enquête sur le business des otages, qui vient de paraître aux éditions Fayard.

La France a-t-elle réellement changé de doctrine en matière de paiement de rançon depuis l’élection de François Hollande ?

Oui, il y a aujourd’hui une réelle volonté de ne plus payer. Cela ne signifie pas que Sarkozy voulait payer, mais il se laissait peut-être plus facilement convaincre. Le refus des rançons constitue, du reste, la politique officielle de la France, définie depuis plus de trente ans par la note dite «Bouvier». Son application sur le territoire français a été très efficace, les enlèvements contre rançon ne se produisent plus, contrairement à ce que l’on observe, par exemple, en Italie. Mais le changement de doctrine pour les kidnappings politiques à l’étranger par des groupes terroristes a surtout été précipité par la situation au Mali et le lancement de l’opération «Serval» par l’armée française, en janvier. Il est alors devenu inconcevable de payer des jihadistes qui auraient pu en profiter pour acheter des armes alors qu’ils étaient en guerre contre la France.

Cette doctrine est-elle inflexible ?

Non, entre le souhait de l'appliquer et son application effective, il faudra encore plusieurs années. Dans certains pays, comme l'Afghanistan ou l'Irak, il n'y a souvent aucun autre moyen. Ou alors, il faut adopter la position britannique, beaucoup plus dure, mais qui aboutit régulièrement à la mort de l'otage. Il est en outre très compliqué de savoir qui a payé quoi pour libérer des otages. Il est aisé pour un pays de