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reportage

«L’Europe ne nous accueille que si on arrive à traverser»

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A Alexandrie, deux familles de réfugiés venues de Syrie racontent, comme des milliers d’autres, leurs départs avortés vers l’autre rive de la Méditerranée.
8 octobre. Une femme migrante secourue par un bateau de sauvetage avec un groupe de réfugiés syriens et palestiniens arrive au port de Catane en Sicile. (Photo Sstinger Italy. Reuters)
publié le 31 octobre 2013 à 18h56

C'est de «Miami» que Raed Kahwaji et sa famille devaient partir pour l'Europe. Fin septembre, ils passent une semaine dans ce quartier d'Alexandrie, en Egypte, dans l'appartement d'un passeur. A plusieurs reprises, ils rassemblent leurs affaires, à l'aube, et montent dans un bus avec d'autres candidats au départ. Ils doivent rejoindre la plage de Sidi Bishr, sortir des eaux territoriales à bord de petites embarcations, puis monter sur un bateau. Mais le plan ne se déroule pas comme prévu. «Nous attendions des heures, mais il ne se passait rien, raconte Hanadi, l'épouse de Raed. Le passeur disait que les policiers allaient nous arrêter ou qu'une femme avait fait trop de bruit, et nous rentrions.»

Malgré ces faux départs, les Kahwaji persistent. Quelques semaines plus tard, ils refont leurs valises, une fois, deux fois. Ils attendent une journée entière dans un immeuble en construction. Puis tournent, pendant des heures, dans un microbus. Avant d'être abandonnés en pleine nuit sur la plage de Miami. Echaudés, ils décident alors de partir pour la Libye. Le scénario se répète : ils ne dépassent pas la ville égyptienne de Marsa Matrouh, à 300 km d'Alexandrie, et perdent les 6 000 livres (600 euros) payées au passeur. «On n'a pas de chance, sourit Raed, désabusé. On tente de partir depuis un mois mais on n'a jamais vu un bateau. Ni la Libye !» «Ces semaines ont été éprouvantes, précise sa femme. Beaucoup sont partis et nous sommes to