Dans les crèches de Montréal, le voile des éducatrices est longtemps passé inaperçu. Jusqu’à ce que le gouvernement n’envisage très récemment d’interdire le port des signes religieux dans la fonction publique et parapublique.
Dans une province qui a rompu brutalement avec le catholicisme dans les années 60 mais ne s’est jamais décidée à ôter le crucifix des murs de son Assemblée nationale, la mesure alimente la controverse.
Samira a 46 ans. En Algérie, elle était ingénieure. A Montréal, où elle vit depuis huit ans, elle est éducatrice dans une crèche. C'est avec surprise qu'elle a appris, en lisant le journal, que le voile qu'elle porte quotidiennement pourrait bien ne plus être accepté dans ce type d'établissement. «Je n'avais jamais imaginé que je pourrais un jour perdre mon travail à cause du foulard», s'étonne-t-elle. Samira travaille avec une dizaine d'éducatrices, dont une autre musulmane voilée. Sa religion n'a jamais été un enjeu. Dans cette crèche du centre de Montréal, on parle anglais, français, mais aussi mandarin. Le personnel vient de la province voisine d'Ontario, mais aussi d'Egypte, d'Inde, de Chine ou d'Algérie. C'est une petite tour de Babel, où la diversité du personnel fait écho à celle des enfants et de leurs familles. «Je n'ai jamais eu aucune réticence à embaucher une femme voilée», souligne Larry Defoe, directeur de l'établissement.
Mais le projet de charte des valeurs québécoises, dévoilé en septembre par le gouvernement indépendantis