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Grand Angle

Grande-Bretagne : haro sur le blaireau

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Le gouvernement a lancé une campagne d’abattage contre l’animal, accusé de propager l’épidémie de tuberculose bovine. Mais, chaque nuit depuis deux mois, des opposants patrouillent…
publié le 3 novembre 2013 à 18h06

Le lieu de la rencontre est resté secret jusqu'au dernier moment. «Nous passerons vous prendre à votre hôtel, juste après 19 heures», nous intime une voix inconnue au téléphone. A l'heure dite, on s'engouffre rapidement dans une voiture. Notre agent de liaison, Louise (1), nous salue et nous glisse une veste orange fluorescente. Au dos, d'immenses lettres noires forment les mots : Wounded Badger Patrol, comprendre «patrouille des blaireaux blessés». Après trente-cinq minutes sur d'étroites routes de campagne, la voiture s'arrête sur un chemin de terre. Nous sommes arrivés sur zone. Notre petit groupe rejoint d'autres «volontaires», une quinzaine en tout, et nous nous déployons, deux par deux et dans une obscurité totale, le long des sentiers forestiers.

Dans le silence de la nuit à peine troublé par une légère brise, difficile d'imaginer que nous sommes au cœur d'une lutte implacable. Depuis le début du mois de septembre, des volontaires arpentent chaque nuit ces bois du Gloucestershire et du Somerset voisin, dans l'ouest de l'Angleterre, pour repérer des blaireaux blessés et accessoirement - mais ce n'est pas officiel - pour gêner leurs chasseurs. «Ils sont là», chuchote, péremptoire, Annie, qui patrouille quatre nuits par semaine et habite à 250 kilomètres de là. «Ils», ce sont les «tireurs», équipés de fusils à lampes infrarouges, entraînés spécialement et payés par le contribuable pour abattre 5 000 blaireaux en six semaines.

Vedette des