Il fut un temps, regretté mais pas si éloigné, où les journalistes n’étaient pas des cibles à abattre ou à kidnapper. Il était encore possible au tout début des années 2000 d’arpenter les zones tribales pakistanaises. Il n’était pas compliqué de circuler avec des Touaregs dans le Sahel. Il était facile d’aller à Aden, au Yémen. Mais depuis 2001, dans le sillage du 11 Septembre, de manière insidieuse dans certains pays, brutale dans d’autres, couvrir un conflit ou une crise s’avère toujours plus dangereux.
Alors que 25 journalistes ont été tués dans le monde en 2002, ils étaient 88 l'an dernier, dont une majorité de reporters locaux, selon Reporters sans frontières (RSF). «Il s'agit du pire chiffre jamais enregistré depuis la création de notre bilan, en 1995. Il y a incontestablement une extension de l'arc de crise, ces régions où il est de plus en plus risqué de travailler en tant que journaliste», explique Christophe Deloire, secrétaire général de RSF.
Cet arc part de la Mauritanie, traverse le Sahel, remonte en Syrie avant de plonger vers la Somalie et de s'achever en Afghanistan et au Pakistan. Ces régions sont celles d'Etats faillis ou peu puissants, où des factions mafieuses et jihadistes ont pu s'implanter, parfois avec l'aide des gouvernements en place. «Il faut reconnaître qu'aujourd'hui, on retrouve bon nombre de groupes islamistes parmi ceux que l'on qualifie de "prédateurs de la presse"», note Christophe Deloire.
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