«Le nez de Cléopâtre, s'il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé», notait Blaise Pascal dans ses Pensées.Personne en Egypte ne se pose sérieusement la question au sujet de la barbe de Mohamed Morsi, dont le procès s'ouvre aujourd'hui devant un tribunal militaire. Une place qui ne semble presque pas la sienne tant le parcours de cet homme de 62 ans est jalonné de rebondissements qui sont autant de coups du sort. Rien ne prédestinait ce fils de paysans pauvres du delta du Nil, terne apparatchik des Frères musulmans, à devenir le premier président démocratiquement élu d'Egypte, en juin 2012.
Bourrue. Après la révolution de 2011 et sa victoire aux élections législatives, la puissante confrérie avait juré qu'elle ne présenterait pas de candidat à la présidentielle, avant de faire volte-face et de désigner son leader naturel, Khairat al-Chater. Sauf que celui-ci n'a pas été autorisé à concourir. Et, à la dernière minute, c'est un de ses fidèles, Mohamed Morsi, qui est entré dans la course. Cet ingénieur à la mine bourrue s'est soudainement retrouvé sous les projecteurs et sous une pluie de critiques aussi. Moqué pour sa mollesse et son manque de charisme, le candidat par défaut a été surnommé «la roue de secours» jusque dans son camp ; les sondages ne donnaient alors pas cher de sa peau. Malgré une campagne sans éclats, l'ex-député est arrivé en tête au premier tour, s'appuyant sur la machinerie électoral