Un soir de septembre 2010, une équipe de douaniers allemands se livre à un contrôle de routine à bord du train EC 197, qui relie Zurich à Munich. Un voyageur âgé d'allure fragile est prié de présenter ses papiers. Il s'appelle Rolf Nikolaus Cornelius Gurlitt, né le 28 décembre 1933 à Hambourg, de nationalité autrichienne. Il dit habiter à Salzbourg. Les douaniers deviennent suspicieux lorsqu'ils découvrent 9 000 euros en liquide dans sa sacoche. Le transport d'une telle somme entre la Suisse et l'Allemagne est légal, mais l'homme est visiblement nerveux. Les douaniers soupçonnent un cas d'évasion fiscale et continuent l'enquête. Quelques mois plus tard, au printemps 2011, ils pénètrent dans l'appartement de Cornelius Gurlitt, en plein cœur du Munich chic. Ils y découvrent quantité de détritus et des piles de conserves alimentaires pour certaines périmées depuis plus de trente ans et derrière… 1 500 tableaux de maîtres - pour la plupart de la première moitié du XXe siècle - entreposés sur des étagères ou dans des caisses.
«Fraction infime». L'importance de la découverte n'apparaît qu'une fois le trésor transporté dans l'entrepôt des douanes de Garching, près de Munich. Ce sont des œuvres de Picasso, Matisse, Chagall, Paul Klee, Max Beckmann, Oskar Kokoschka et de quantité d'autres maîtres, disparues depuis plus de soixante-dix ans et d'une valeur d'au moins 1 milliard d'euros. La présence de cadres vides atteste que Gurlitt a sa