Moncef Marzouki, professeur de médecine, centriste, laïque, francophile, militant des droits de l'homme, ex-opposant au régime de Ben Ali, a été nommé à la tête de l'Etat en décembre 2011. Alors que l'état d'urgence a été prolongé, que le pays se montre incapable de se trouver un Premier ministre véritablement indépendant, que les travaux sur la Constitution piétinent, le chef de l'Etat tunisien, 68 ans, a reçu Libération pour faire le point sur les blocages qui traversent le pays.
Transition en crise, blocages politiques menaces d’attentats… S’agit-il de la plus importante crise depuis les élections de 2011 ?
Absolument. On a pris du retard dans le dialogue national et le temps nous est compté pour réussir. Evidemment, les Tunisiens pensent que ce gouvernement n’est pas très efficace, mais c’est un gouvernement de bonne volonté, un gouvernement honnête et qui fait ce qu’il peut. Je comprends parfaitement cette extrême irritation des Tunisiens, mais je n’ai que la patience pour le moment à leur proposer. Et, par-dessus le marché, s’est greffée la crise libyenne qui a lourdement pesé sur le développement de notre processus institutionnel.
Le chaos libyen serait à l’origine des problèmes institutionnels que connaît la Tunisie ?
Pas uniquement, car un autre facteur d'insécurité s'est introduit au moment où nous progressions dans notre dialogue national. Les assassinats politiques de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi [figures de la gauche