Les citoyens armés de leurs portables, tablettes ou ordinateurs sont les premiers à informer des affres de la guerre entre cartels de narcotrafiquants au Mexique. Journalistes par nécessité, ils relatent en temps réel les fusillades et affrontements dans leurs villes, prévenant la population des dangers de cette guerre urbaine sur les réseaux sociaux ou sur des blogs et forum créés à cet effet. «Coups de feu dans le lotissement Nueva Era, près de l'entrée principale, plusieurs rafales», «Hommes armés dans la rue Horacio-Garza, ils tentent de s'introduire dans les maisons» , «Qui sont les types en noir qui arrêtent les voitures devant le supermarché de la rue Longoria ?» Une journée comme une autre sur le fil d'information du forum Nuevo Laredo en direct, du nom d'une ville du nord-est du pays ébranlée par les heurts entre cartels.
Dans certaines régions, la presse, bâillonnée par les cartels qui attaquent fréquemment rédactions et journalistes, n’ose plus couvrir les faits divers violents. La population s’en remet alors à ces médias citoyens, jugés crédibles et intègres. On s’y rend pour accéder à une information utile et directe et qui n’est passée par aucun filtre officiel, souvent contée à la première personne par des témoins des événements.
«Nous signalons rapidement le danger et évitons des victimes collatérales», explique Emilio Lugo, créateur du site Agora Guerrero, suivi par plus de 50 000 internautes à Acapulco, s