Les contradictions sont aussi aiguisées que le scalpel du chirurgien. Un jour nous fêtons la survie de Malala Yousafzai, cette remarquable jeune fille de quinze ans, blessée d’une balle dans la tête par des talibans pour les avoir défiés en allant à l’école. Le lendemain nous arrêtons la collégienne Léonarda Dibrani, quinze ans également, pendant une sortie scolaire et nous la déportons au Kosovo. Son crime ? Etre venue en France – mon pays, celui de la fraternité – avec ses parents, des immigrés qui demandaient l’asile qu’on leur a refusé. Nos étudiants, crient au scandale, organisent des manifestations. Finalement, le Président de la République publie un jugement qui symbolise parfaitement notre névrose collective: l’enfant, Léonarda peut rentrer en France, mais sans ses parents.
Un jour nous construisons des barrières infranchissables face aux Africains désespérés qui essaient d’émigrer en Europe, même à ceux qui demandent l’asile pour échapper aux ravages de la guerre et de la persécution; le lendemain, lorsque des centaines de personnes se noient à proximité de nos côtes, les Italiens déclarent une journée de deuil national. Il n’y a que quelques semaines, le courageux pape François a visité l’île de Lampedusa pendant son premier voyage pour témoigner de sa solidarité avec les opprimés du monde. Entre-temps, nos diplomates font tous leurs efforts pour exclure les Africains, en négociant des accords obscurs avec des régimes qui peuvent utiliser des méthodes «musclées» à l