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Libération
Récit

Libye : la Cyrénaïque s’offre un «gouvernement» autoproclamé

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La nouvelle autorité, qui se dit fédéraliste et non sécessionniste, fragilise un peu plus un Etat failli.
publié le 7 novembre 2013 à 20h06

Année 1435 du calendrier musulman : l’an I de la Cyrénaïque. Depuis mardi, les musulmans sont entrés dans la nouvelle année ; deux jours plus tôt, la région orientale libyenne avait un gouvernement autoproclamé. Tapis rouge, costumes cravates ou habits traditionnels, drapeau noir orné d’un croissant et d’une étoile blancs, rien ne manquait sur la photo officielle du nouvel exécutif de Barqa (nom arabe de la Cyrénaïque) hormi une justification légale - et des femmes.

Cette cérémonie est d'abord le fruit de l'échec des autorités centrales à s'imposer. Dans l'est de la Libye, ce défaut d'Etat se traduit surtout par les multiples assassinats et attentats impunis. «Le gouvernement d'Ali Zeidan [le Premier ministre libyen] exaspère par son manque d'action, se lamente Salah al-Bakoush, membre fondateur du parti Union pour la patrie. C'est facile pour des hommes comme Ibrahim Jedran d'en profiter.» Ledit Ibrahim Jedran pose au centre de la photo. Le président du bureau politique du Conseil de Cyrénaïque, mouvement à l'origine de cette nouvelle «autorité», est le catalyseur qui a permis aux fédéralistes de franchir ce pas symbolique. C'est lui qui, cet été, a lancé les grèves sur les sites pétroliers pour dénoncer la corruption d'officiels qui détournaient l'argent du pétrole, 80% de la richesse libyenne. Ces actions ont coûté à l'Etat 13 milliards de dollars (environ 10 milliards d'euros).

Costume italien. Ibrah