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Libération
EDITORIAL

Tout-puissant

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publié le 8 novembre 2013 à 21h26

Depuis cette mémorable photo qui l'immortalisait torse nu et pantalon kaki en pleine séance de pêche en Sibérie, on sait que Vladimir Poutine aime exhiber ses muscles. Avec la démesure des travaux effectués à Sotchi pour accueillir les prochains Jeux olympiques d'hiver, on sait désormais que le président russe aime aussi exhiber son désir de toute-puissance. Il y a un an encore, cette mégalomanie aurait pu prêter à sourire, le pouvoir de nuisance de cet ex-agent du KGB ne dépassant guère les régions bordant ses propres frontières (ce qui est encore trop). Aujourd'hui, elle fait froid dans le dos. Car, lentement mais sûrement, sans que personne ne trouve rien à y redire - ou si peu -, profitant des faiblesses de tel ou tel dirigeant, le président russe est en train de devenir un homme qui compte sur la scène internationale. Il lui aura suffi d'ouvrir grand ses bras au lanceur d'alerte américain Edward Snowden et de proposer son intercession dans la crise syrienne pour revenir dans le jeu et arracher à Obama la place très convoitée d'homme le plus puissant de la planète, si l'on en croit la dernière édition de Forbes. Tant qu'il s'agit d'un simple classement dans un magazine américain, ce n'est pas très grave. Mais il ne faudrait pas que ce score se confirme dans les faits. Car un monde dominé par Poutine, c'est un monde où les homosexuels sont traqués, les contestataires envoyés dans des camps de travail, les revenus du gaz et du pétrole siphonnés par la corruption,