Menu
Libération
Portrait

Vladimir Poutine, le dur qui dure

Article réservé aux abonnés
L’ex-agent du KBG, élu président en 2000, tient toujours le pays treize ans après, sans l’ombre d’un rival et avec une brutalité assumée.
publié le 8 novembre 2013 à 21h26

Ce n’est pas un joueur d’échecs, mais un judoka de haut niveau, qui sait tirer parti de la force de ses adversaires pour les déséquilibrer et les envoyer au tapis. Vladimir Poutine était l’empêcheur de tourner en rond, il est devenu ces derniers mois, à la faveur de la guerre civile syrienne, le «sauveur du monde» - même s’il n’est pas nécessairement celui des Syriens de toutes confessions qui continuent à mourir chaque jour. Et pourtant c’est toujours le même, l’homme qui jure comme un charretier et aime montrer ses muscles (au sens propre comme au figuré), qui a écrasé la Tchétchénie, envahi la Géorgie, et se sert du pétrole pour mettre au pas ses voisins et déstabiliser l’Europe.

S'il regrette la disparition de l'Union soviétique - «la plus grande catastrophe du siècle dernier» -, ce n'est pas pour des raisons idéologiques. Ce qui lui manque, c'est le monde bipolaire, celui où Kennedy et Khrouchtchev s'apostrophaient à l'ONU, celui où Reagan et Brejnev relançaient la course aux armements, et non l'ordre unipolaire ou multipolaire où Eltsine approuvait les choix de la diplomatie américaine. Car la Russie qu'on respecte, c'est la Russie qu'on craint, pas celle qui se couche, croit-on encore à Moscou.

Un espion, un patriote

D'une certaine manière, Vladimir Poutine est un produit marketing de l'élite russe. Celle qui a survécu (politiquement et économiquement) à l'effondrement de l'URSS ; qui, en ce milieu des années 90, n'a pas ou peu voyagé, et se trouve encore mal désoviétisée. Le premier