Le typhon Haiyan qui a dévasté les Philippines a-t-il été provoqué par le réchauffement climatique? Comme après chaque cyclone, que ce soit Sandy aux Etats-Unis en octobre 2012 ou Manuel et Ingrid au Mexique il y a deux mois, la question resurgit. Mais pas plus cette fois que les précédentes, elle ne sera tranchée. «Il faut être très prudent. En l'état des recherches scientifiques, on ne peut pas attribuer la cause de ce typhon au réchauffement climatique», explique Jean Jouzel, vice-président du Groupe d'experts intergouvernemental sur le climat (Giec). Cette indécision tient avant tout à l'insuffisance de données, celles-ci ne remontant qu'à une cinquantaine d'années.
Mais s'il n'y a pas de certitude, il reste des indices, «un sentiment qu'il y a bien un lien», comme le note Jean Jouzel. D'abord, de manière intuitive, car les catastrophes climatiques, des tornades aux inondations, se succèdent à un ryhtme inédit depuis trente ans. Selon une étude du réassureur Munich Re publiée en octobre 2012, leur nombre a été quasiment multiplié par 5 en Amérique du Nord au cours des trois dernières décennies, par 4 en Asie, par 2,5 en Afrique, par 2 en Europe et par 1,5 en Amérique du Sud. Autre indice, la violence des ouragans et typhons est notamment liée à la température des océans. Dans son rapport de 2007, le Giec estimait ainsi «vraisemblable» un accroissement de l'intensité des cyclones tropicaux et un déplacement vers les pôles des te