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Libération
Reportage

«Le seul fil de vie qui me reste, c’est mon téléphone»

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A Ormoc, ville des Philippines touchée par le typhon Haiyan, les habitants attendent, résignés, des signes de leurs proches.
Une maison largement endommagée par le typhon Haiyan, près de l'aéroport de Tacloban, dans l'île de Leyte, aux Philippines, le 12 novembre 2013. (Photo Philippe Lopez. AFP)
publié le 12 novembre 2013 à 21h16

Le bateau de nuit qui mène de Cebu à Ormoc, sur l'île de Leyte, est bondé de passagers les bras chargés de paquets de nourriture, de gros sacs et de bouteilles d'eau destinés à secourir les leurs. Sur le pont obscur du navire que la houle cogne, l'amoncellement de vivres a été recouvert d'une bâche qui luit sous les embruns. Des coqs et des poules dans des caisses chantent à tue-tête. «Je ne sais pas si ma mère est encore vivante, et je prie pour que Dieu lui soit venu en aide», dit Roberto, le propriétaire des volailles, en embrassant le crucifix qui lui pend au cou. Depuis des jours, comme tous les passagers du bateau sans exception, il a tenté maintes fois en vain de contacter sa famille, avant de se décider à prendre cette ligne maritime récemment remise en service. A bord, Joseph, agent de sécurité dans une banque, raconte que toute sa famille lui a confié la mission de retrouver sa tante. «On n'a pas la moindre nouvelle d'elle, et comme elle vit seule en bordure de mer, elle est probablement restée chez elle au lieu d'aller se réfugier dans un abri anti-ouragan», soupire-t-il, l'air recueilli.

Trou. On accoste à Ormoc dans l'obscurité totale, sous une pluie insistante. La centaine de passagers débarque dans la boue en trébuchant sur des morceaux de toiture déchiquetés par le typhon de vendredi. A 200 kilomètres plus au nord de l'île de Leyte, vers Tacloban, le désastre a été total. Ormoc, qui n' pas subi les mêmes