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Libération
Vu d'Istanbul

Recep Tayyip Erdogan cherche à s’immiscer dans les dortoirs

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Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, à Ankara le 17 septembre. (Photo Adem Altan. AFP)
publié le 12 novembre 2013 à 20h56

«Est-il le Premier ministre d'une République laïque ou le patron de la police des mœurs d'un pays du Moyen-Orient ?» s'indigne Kemal Kilicdaroglu, le leader de la principale formation de l'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP), inlassable défenseur de l'héritage de Mustafa Kemal. Le Premier ministre islamo-conservateur, Recep Tayyip Erdogan, a maintenant décidé de s'attaquer, au nom de la morale, à la mixité dans les résidences étudiantes. «Dans les appartements d'étudiants où les garçons et les filles cohabitent, il peut y avoir des choses bizarres. Et il est de notre devoir d'intervenir», a martelé le leader de l'AKP, annonçant il y a une semaine devant les députés que l'Etat n'autoriserait plus que «les garçons et les filles restent ensemble dans les résidences d'Etat». Il a donné l'ordre aux gouverneurs des 81 provinces du pays de contrôler ces établissements et encouragé la population à dénoncer les comportements suspects. Dans son intervention devant le Parlement, Erdogan a aussi annoncé qu'il comptait étendre son combat contre la mixité aux résidences universitaires privées et aux colocations.

Après la loi restreignant la consommation d’alcool, qui a nourri les protestations antigouvernementales du printemps sur la place Taksim à Istanbul comme dans les principales villes du pays, et la loi autorisant le port du foulard islamique dans la fonction publique - ainsi qu’au Parlement -, cette nouvelle mesure illustre le tournant toujour