On le croyait rangé de la politique. Comme l'incarnation surannée d'un omnipotent Parti libéral-démocrate (PLD) conservateur, productiviste et pronucléaire. En quelques déclarations iconoclastes, Junichiro Koizumi a pris tout le monde de court. Il s'est rappelé aux bons souvenirs de ses ex-collègues, à commencer par son ancien poulain, le Premier ministre Shinzo Abe. A 71 ans, l'ex-chef du gouvernement (2001-2006) opère un retour tonitruant en appelant à «la sortie du nucléaire». «Si le PLD décidait d'abandonner cette énergie, tous les partis seraient favorables à cette politique, l'opposition la soutient déjà, a déclaré mardi Koizumi. [Abe] pourrait user de son pouvoir pour utiliser les ressources naturelles. Il n'y a pas de Premier ministre plus chanceux !» Dernièrement, Koizumi avait déclaré qu'il était «impossible et irresponsable» de poursuivre le nucléaire dans un «pays de séismes».
Les sorties de Koizumi ne font pas les affaires d'Abe. Dans un archipel où les 50 réacteurs ont été stoppés pour examen de sécurité, le Premier ministre se démène pour relancer les centrales. A l'étranger, il s'est fait le VRP du nucléaire nippon. «Je crois qu'il est irresponsable de promettre le zéro nucléaire à ce stade», a réagi Shinzo Abe avant de justifier son choix par des raisons économiques. Une partie du PLD, de la presse et du lobby nucléaire nippon ont repris en chœur le refrain du leader irresponsable qui, jadis, se faisait le