L’hélicoptère militaire chargé de sacs remplis de riz et de boîtes de conserve s’élève lentement au-dessus de l’aéroport de Tacloban. Direction Tapon-Tapon, l’un de ces nombreux villages côtiers toujours coupés du monde par le typhon Haiyan (appelé Yolanda aux Philippines). Celui qui est chargé de l’opération, le capitaine Trinidad, un homme trapu qui donne des ordres secs, a coché sur sa carte des dizaines de ces localités abandonnées sur la côte est de l’île de Leyte. Ce sont les zones de drop prévues.
Cadavres. Edwin, le pilote, embrasse le petit crucifix blanc accroché sur l'un des commutateurs du plafonnier avant de décoller pour sa 5e mission de la journée. Quatre hélicoptères philippins font la navette depuis des jours, transportant à chaque voyage une aide plus symbolique que réelle de 500 kg de vivres pour un village entier. Les pointillés rouges sur la carte de navigation du pilote indiquent les localités où son hélicoptère a livré de l'aide depuis le début de matinée. C'est un appareil datant de la guerre du Vietnam, type UH76, flanqué à l'arrière de deux grosses mitrailleuses qui ont été mises en berne pour cette opération de secours d'urgence. Il survole l'aéroport où se relaient les gros-porteurs, surtout américains, qui acheminent à Tacloban, depuis Manille et Cebu, les vivres qui seront redistribués, puis descend la côte plein sud.
Spectacle hallucinant. Alors que l’on remonte le ruban de sable à basse altitude,