Tranquillement, des hommes remplissent les trois camions garés le long de la rue Ben Achour, artère commerciale du centre de Tripoli. Les marchandises chargées proviennent d'un magasin d'électroménager dont les vitres ont été brisées et les étagères sont pillées. En face, un voisin essaie de réparer le moteur de sa voiture. Il lève à peine la tête : «Ne vous inquiétez pas, le propriétaire est de Misrata.» C'est l'heure de la vengeance. Car quarante-huit heures plus tôt, des membres des brigades de Misrata, les plus puissantes du pays, ont tiré sur des manifestants qui réclamaient leur dissolution, faisant au moins 47 morts et plus de 400 blessés dans la capitale libyenne. Des tags ont fait leur apparition : «Au revoir, Misrata, ô juifs.»
Dimanche soir, les responsables du conseil local (équivalent de la mairie), du conseil militaire et de la société civile ont appelé les brigades - dont le Bouclier de la Libye, la plus importante - à se retirer de Tripoli dans les soixante-douze heures et à rentrer à Misrata avec tout leur arsenal militaire. Devant ce rejet quasi unanime de la part des Tripolitains, les Misratis ont cédé. Premier signe d’apaisement dans la capitale libyenne depuis vendredi.
Grand mufti. Ce jour-là, une manifestation était organisée pour exiger le démantèlement de ces milices qui font régner leur loi à Tripoli. Une marche habituelle depuis la fin de la révolution, qui ne rassemble d'habitude qu'une centain