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grand angle

Bangladesh, les fantômes sanglants de l’indépendance

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Engagée dans un vif climat de violence l’actuelle campagne législative reflète une vie politique qui reste hantée par les massacres ayant accompagné la naissance du pays en 1971.
Sheikh Hasina, Première ministre et fille du président assassiné en 1975. (Photo Hoang Dinh Nam. AFP)
publié le 19 novembre 2013 à 18h06

L'une, Sheikh Hasina, Première ministre en exercice, est la fille du premier président du Bangladesh, Sheikh Mujibur Rahman, renversé par un putsch en 1975 et assassiné avec sa femme, son frère et ses fils. Sa rivale, Khaleda Zia, est la veuve d’un héros de l’indépendance, Ziaur Rahman, assassiné en 1981, alors qu’il était président. Héritières des clivages du pays, les deux femmes, qui alternent au pouvoir depuis plus de vingt ans, se retrouvent face à face dans la campagne pour les prochaines législatives au Bangladesh. Celle-ci a commencé dans un climat troublé, où l’histoire du pays affleure comme une plaie vive. Les procès pour les crimes contre l’humanité commis au moment de l’indépendance sont devenus une arène pour les affrontements partisans et un prétexte aux violences de rue, qui ont déjà fait 160 morts cette année. Quarante-deux ans après son indépendance, le Bangladesh reste hanté par les massacres qui ont accompagné sa fondation, un bain de sang sans nom.

Après la partition, l’exode

En 1971, la sécession de la partie orientale du Pakistan a fait environ 300 000 morts et 10 millions de personnes sont parties se réfugier en Inde, en majorité des hindous fuyant l'armée pakistanaise, musulmane. «Dans les sombres annales de la cruauté humaine, [ces événements] sont plus sanglants que ceux de Bosnie et, en un certain sens, peuvent se comparer au Rwanda», écrit Gary J. Bass, professeur de sciences politiques à Princeton, qui dénonce un «génocide oublié». Dans un ouvrage récent (