«Jamais nous ne sommes intervenus dans la vie privée de quelqu'un. La vie de notre peuple est sous notre garantie. Il y a des modes de vie légitimes et des modes de vie illégitimes. […] En tant que pouvoir conservateur, nous sommes dans l'obligation d'intervenir.» C'est le Premier ministre turc qui parlait ainsi, il y a une dizaine de jours. Il lançait une nouvelle campagne de moralisation, totalement inattendue, contre la mixité des logements étudiants. Pas seulement dans les résidences universitaires mais aussi dans les colocations d'appartement !
Se croire en droit d’intervenir légalement sous prétexte d’illégitimité d’une situation au regard de la morale religieuse alors que le droit, justement, considère illégal ce genre d’intervention révèle la profondeur de l’abîme qui sépare le majoritarisme autoritaire qui habite Tayyip Erdogan et la démocratie.
L’annonce de cette nouvelle campagne de la police de mœurs a créé une onde de choc jusque dans les rangs du parti d’Erdogan, le Parti de la justice et du développement (PJD). Se rendant compte de la difficulté de légiférer dans ce domaine qui concerne la vie privée de personnes adultes, solidement protégée par la Constitution, Erdogan a appelé par la suite à la vigilance d’honnêtes voisins. Gardiens des bonnes mœurs et des valeurs familiales, ils vont sûrement porter plainte contre ces situations louches qui font le lit de la dépravation, a-t-il dit. Tout en ajoutant que les organisations terroriste