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Le Venezuela veut encore croire aux pleins pouvoirs

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Le président Nicolás Maduro, élu en avril, pourra désormais gouverner par décrets. Un système censé régler les lourds problèmes économiques du pays, et dont Chavez avait déjà largement usé.
publié le 20 novembre 2013 à 19h51

Le Parlement vénézuélien a approuvé mardi l'octroi des pouvoirs spéciaux au président Nicolás Maduro. Cette «loi habilitante» (ley habilitante en espagnol) lui permet de gouverner par décrets pendant un an sur des thématiques jugées urgentes sans avoir recours à l'approbation de l'Assemblée nationale. La chambre, qui avait validé le texte une première fois le 14 novembre, l'a adopté définitivement avec 99 voix sur 165. Soit une adoption avec le minimum de voix possible.

Le recours aux pouvoirs spéciaux est loin d’être une première au Venezuela. Cette prérogative existe depuis 1961 et a été utilisée pour tous les présidents, se limitant toutefois, selon le site BBC Mundo, à des situations d’urgence économique. Mais le recours aux pouvoirs spéciaux a atteint une nouvelle dimension avec Hugo Chavez qui les a sollicités à quatre reprises et dans des cadres extensifs, par exemple pour voter une réforme agraire en 2001 et une loi sur l’emploi en 2012. Toutes deux avaient créé la polémique. Au total, ce furent 224 décrets qui furent promulgués par Chavez, qui a bénéficié des pleins pouvoirs pendant le tiers de ses quatorze années au pouvoir.

Par la «ley habilitante», l'actuel président vénézuélien, élu en avril, entend ainsi faire passer des lois visant à lutter contre l'inflation record – plus de 54% – et les pénuries de nourriture, de devises et de biens de consommation courante qui frappent le pays. Une situation que Nicolás Maduro qualifie de «guerre économique»