Les répétitions se déroulent dans l'odeur lourde de poussière d'une petite salle aux fenêtres occultées par des rideaux noirs, au deuxième étage d'un immeuble décrépit de Košice, la deuxième ville de Slovaquie. Sous le regard du metteur en scène Marian Balog, une vingtaine de comédiens, musiciens et danseurs répètent, en jean, mâchant un chewing-gum entre deux répliques, l'acte final d'Un amour inassouvi. C'est la dernière création de la troupe du Romathan. Pour les représentations, les hommes porteront des catogans, les femmes des robes rouge sang et l'ensemble évoluera dans un décor de campement, avec roulottes en bois. La pièce tournera tout l'hiver dans les villages roms des environs, allant à la rencontre de «son» public. Avec ses 36 employés, dont 26 artistes pensionnés, le Romathan est l'unique théâtre public rom de l'Union européenne.
L’institution a été créée il y a plus de vingt ans, en 1992, quelques mois avant le «divorce de velours» entre Tchèques et Slovaques. Le pouvoir, à Bratislava, souhaite valoriser la diversité culturelle du pays - composé de Hongrois, Ruthènes, Juifs et Roms. Le ministère de la Culture décide d’aider les minorités à créer des institutions, des théâtres. Il fournit quelques subsides, pensionne des artistes. Le Romathan ouvre alors à Košice, au cœur de la région où vivent la majorité des Roms de Slovaquie. Cette communauté représente 9% de la population nationale, un pourcentage inégalé au sein de l’Union européenne.
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