«Sissi, ô Sissi, mon président c'est Morsi !» Depuis la destitution de Mohamed Morsi, le 3 juillet, ce slogan a été scandé dans toutes manifestations des Frères musulmans. Il montrait le refus de reconnaître les nouvelles autorités égyptiennes, avec le général Al-Sissi à leur tête, et le rejet de toute négociation sans un retour préalable de la légitimité, c'est-à-dire du président élu. Cette position semble s'être infléchie et, pour la première fois la semaine passée, la confrérie a publié un communiqué appelant tous les partis politiques et les personnalités patriotiques à un «dialogue profond afin de sortir de la crise actuelle».
Cette initiative, qui émanerait de proches de Khairat al-Chater, le leader de la confrérie actuellement en prison, a reçu un accueil plutôt mitigé de la part du régime de transition et n’a pas débouché sur l’ouverture de négociations concrètes. Elle marque cependant un tournant. Il faut dire que, depuis cet été, la donne n’est plus du tout la même et la confrérie, fondée en 1928 en Egypte, est aujourd’hui exsangue. L’organisation a été interdite, ses principaux chefs ont été arrêtés, de nombreux cadres sont en fuite ou attendent leur procès et des centaines de militants ont été tués lors d’affrontements avec la police.
«Entre nous, on dit que celui qui n'a pas d'amis morts à Rabia n'avait pas d'amis du tout», affirme Islam Tewfik, journaliste de Houriya wal adala, le quotidien des Frères. Lui, a perdu 27 proches