Professeur émérite à la Sorbonne Nouvelle, Yann Richard est spécialiste de la sociologie religieuse du chiisme moderne et de l'histoire de l'Iran contemporain. Il est l'auteur de l'Iran de 1800 à nos jours (Flammarion, 2009).
Cet accord, est-ce une importante victoire pour le président Rohani ?
Il est évident que si Hassan Rohani était revenu en Iran sans un accord, il aurait été très affaibli face aux Gardiens de la révolution et aux radicaux qui ne sont certainement pas contents, non pas parce qu'il y a eu accord mais parce que c'est un libéral qui l'a obtenu. Lui en avait besoin, surtout au début de son mandat. Il bénéficie à présent d'un état de grâce et il est donc essentiel pour lui d'arriver à un accord complet. Et ce qui est aussi important, c'est que ce compromis, il l'a d'abord fait avec les Etats-Unis. Or, il était nécessaire de rétablir une relation de confiance avec Washington qui, certainement, va précéder le rétablissement de relations diplomatiques. Déjà, Mohammad Khatami [président réformateur à la tête de l'Iran de 1997 à 2005, ndlr] rêvait de les rétablir mais Bill Clinton n'avait pas su saisir cette opportunité. Et lorsqu'Ahmadinejad avait écrit à George W. Bush, il avait en tête, au-delà des critiques qu'il lui a faites, de les rétablir également. Si c'est Rohani qui réussit, il va devenir très fort politiquement. Un point à ne jamais oublier : même s'ils sont très méfiants envers l'impérialisme américain, les Etats-Unis