Menu
Libération
Analyse

La Thaïlande étranglée par ses contradictions

Article réservé aux abonnés
Les tensions sociales alimentent le mouvement de manifestations à Bangkok contre la Première ministre, Yingluck Shinawatra.
Des manifestants anti-gouvernement devant le ministère des Finances à Bangkok, mardi. (Photo Kerek Wongsa. Reuters)
publié le 26 novembre 2013 à 13h09

La crise thaïlandaise, et c'est ce qui fait sa complexité, se déroule à un double niveau. Elle est d'abord le reflet d'une compétition entre différentes factions de l'élite - un trait qui a dominé toute l'histoire moderne de la Thaïlande. A l'establishment traditionnel – aristocrates, entourage du palais, bureaucrates, magistrats, militaires, barons de l'économie - engoncé dans ses privilèges et enivré par sa longue prépondérance sur le pays, s'oppose une classe d'affairistes rapidement enrichis, peu respectueux des formes et des bastions.

Thaksin Shinawatra, un ancien officier de police devenu un magnat des télécommunications et qui a été Premier ministre entre 2001 et 2006, incarne cette classe montante, qui veut «secouer la vieille Thaïlande». Il a été renversé par un coup d'Etat en septembre 2006, non pas à cause de ses violations nombreuses des droits de l'homme, non pas parce qu'il était corrompu, mais parce qu'il menaçait les intérêts des milieux établis.

A un niveau plus sociologique, les classes moyennes urbaines, favorisées depuis les années soixante par l’orientation économique des gouvernements successifs, se voient de plus en plus défiées par des ruraux des provinces, sortis de la pauvreté et désireux d’avoir leur mot à dire en politique. Ce sont eux qui, depuis 2001, ont élu cinq fois d’affilée des partis pro-Thaksin au po