Son grand ami Vladimir l'a prévenu : «S'ils te jettent en prison, dans une semaine il y aura un million de personnes dans la rue. Au bout de quinze jours, il y en aura la moitié. A partir de la troisième semaine, il n'y aura plus personne.» La prédiction du président russe, Vladimir Poutine, qui était à Rome lundi et avec lequel Silvio Berlusconi a longuement dîné, n'a pas franchement rasséréné l'ancien président du Conseil, aux abois.
Après avoir dominé la scène politique italienne pendant vingt ans, le Cavaliere a été exclu hier soir du Parlement à la suite de sa condamnation définitive à quatre ans de réclusion (dont trois amnistiés) pour fraude fiscale en août. Pour éviter de s'entendre dire par le président de la Chambre haute, Pietro Grasso, «je prie les huissiers d'accompagner le sénateur hors de l'hémicycle», l'ex-chef du gouvernement a renoncé à se présenter devant ce qu'il considère comme un peloton d'exécution. Il a préféré organiser une manifestation devant son domicile romain du palais Grazioli pour dénoncer une nouvelle fois l'injustice dont il serait victime, l'atteinte à la démocratie que son exclusion représenterait, et réaffirmer qu'il restait sur le champ de bataille. Mais à 77 ans, et dans l'incapacité de faire chuter le gouvernement de large union d'Enrico Letta pour éviter le couperet de son exclusion du jeu politique, Berlusconi n'a jamais été aussi près de tomber au fond de la roche Tarpéienne.
«Cuvette».