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reportage

Ces Hongrois hypothéqués par les banques

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Le gouvernement du populiste Viktor Orbán a réservé un lotissement à des ménages ayant souscrit des prêts en devises étrangères avant 2008. Surendettés, ils accusent la finance.
Pour le populiste Viktor Orbán, la justice doit choisir le camp du peuple, pas celui des banques. (Photo Laszlo Balogh. Reuters)
par Corentin Léotard, Correspondance à Budapest et Armand Bouscat, Correspondance à Budapest
publié le 28 novembre 2013 à 20h06

Une employée de l'Ordre de Malte prévient : «Ça va être difficile de les rencontrer, ils ne parlent pas.» L'association caritative a été déléguée par le gouvernement pour sélectionner et aider les endettés à refaire leur vie dans un lotissement perdu au milieu des champs. Mais, très vite, «ils» parlent. Comme cette femme qui se raconte : incapable d'assumer les traites de son crédit hypothécaire en francs suisses, elle s'est fait expulser de chez elle. «J'ai entendu parler de ce quartier à la télé et c'est mon fils qui a trouvé les infos sur Internet pour envoyer une candidature.» Alors elle a quitté sa région, proche de la Croatie, dévastée par le chômage. Pour finalement atterrir dans des habitations flambant neuves, à 6 kilomètres de la première bourgade, Ocsa. «Ici, je ne connais personne, j'ai dû quitter tous mes amis.»

Le quartier ne ressemble à aucun autre dans le pays. Trop neuf, trop propre. Les 80 maisonnettes, dont une partie est encore inhabitée, sont toutes semblables, avec du crépi blanc et des tuiles rouges. Aucune possibilité d'emploi, mais Budapest n'est qu'à 30 kilomètres au nord et le loyer vaut le coup : l'équivalent de 55 euros pour une maison de 50 m2, 70 euros pour 70 m2. La femme insiste : «On nous fait passer pour des irresponsables, mais ce n'est pas comme si les banques avaient prêté à des miséreux sans boulot. Ça aurait vraiment pu arriver à n'importe qui.»

Aubain