Des manifestations brutalement réprimées, des leaders libéraux arrêtés, des islamistes condamnés à des peines de prison délirantes et un processus constitutionnel qui s’enlise : en Egypte, la transition démocratique peine à avancer. Plutôt en retrait après la destitution de Mohamed Morsi, le 3 juillet, les militants prodémocratie, pionniers de la révolution de janvier 2011, semblent de nouveau prêts à battre le pavé et à défier le nouveau régime. Depuis mardi, ils protestent tous les jours contre une loi qui restreint le droit de manifester.
«Oppressive». Promulgué dimanche par le président intérimaire, Adly Mansour, ce texte contraint les organisateurs de rassemblements publics à fournir leurs coordonnées, le trajet du cortège, leurs revendications et les slogans scandés. Il stipule également que le ministère de l'Intérieur a le droit d'interdire les manifestations présentant une menace pour l'ordre public. Plusieurs associations de défense des droits de l'homme ainsi que l'ONU dénoncent une «approche oppressive» et une «remise en cause des acquis de 2011».
Pour le Premier ministre, Hazem Beblawi, la loi ne fait que poser un cadre juridique pour «protéger le droit des manifestants». Dans l'esprit du gouvernement de transition, il s'agit surtout d'empêcher les rassemblements des anti-coup d'Etat, quotidiens depuis le renversement de Mohamed Morsi. Durant l'été, un millier de Frères musulmans ont été tués et deux