Cet article d'actualité-fiction a été publié dans notre édition spéciale «Libération en 2053», à l'occasion des 40 ans du journal.
Un vide sidéral, une impression de néant. Soudain, sans prévenir, l'implant «World Connect» du cerveau, qui nous permet de rester connectés 24 heures sur 24 avec tous les sites d'actualité de l'univers, est remplacé par une page noire, un puits sans fond. On cherche désespérément ses Google Glass, mais là encore, rien. L'effroi alors face à ce qui semble s'annoncer. La panique qui monte. Chacun d'entre nous se souvient toujours de ce qu'il faisait au moment d'une catastrophe majeure. Ce 29 novembre à 13h13, c'est la planète qui s'est crashée. Un choc comme on n'en a pas vécu depuis longtemps. Ceux à qui le réseau n'a pas encore effacé toute la mémoire ancienne, à force de la saturer d'informations, ont parlé de 11 Septembre [2001, ndlr] numérique. L'affolement qui a gagné les opinions publiques est indescriptible. Les chefs d'Etat, interloqués, ont bien dû avouer qu'ils n'avaient pas prévu le cataclysme. Un monde fou, sans repères, sans possibilité de communiquer. Certes, l'alerte n'aura duré que six heures et six minutes, mais personne ne peut encore réellement en mesurer la portée. Comment une telle panne a-t-elle pu se produire ? L'hypothèse du réseau qui se fait hara-kiri lui-même fait froid dans les neurones. Et si l'Internet avait d'un coup a