Bangkok s'est réveillé groggy hier matin, titubant sous le choc des brutalités de la veille. L'attaque, samedi après-midi, d'un autocar de «Chemises rouges» (les partisans du gouvernement) qui arrivait de province par des étudiants surexcités, éméchés et armés de bâtons, a fait basculer le mouvement dans la violence. Jusqu'ici, ces défilés qui visent depuis plusieurs semaines à renverser le gouvernement de Yingluck Shinawatra (lire ci-contre) étaient généralement pacifiques. La situation s'est rapidement envenimée en Thaïlande, pays qui ne connaît pas de gradation entre la tranquillité et l'explosion. Des hommes en noir ont tiré dans la soirée de samedi sur des étudiants, tuant l'un d'entre eux et faisant une vingtaine de blessés. Trois autres personnes ont été tuées peu après, lors d'affrontements.
Aussi, dès hier matin, les manifestants antigouvernementaux, souvent issus des classes moyennes aisées, sont sortis en force pour manifester leur mécontentement. Face au siège de la police royale thaïlandaise, dans un quartier constellé de méga-centres commerciaux, une foule de plusieurs milliers de personnes s'époumonant dans des sifflets - le signal de ralliement de ces protestataires - s'est rassemblée. Poom Narongchokwatana, une dirigeante d'entreprise, s'indigne : «Ces violences sont totalement inacceptables. Nous ne sommes pas d'accord avec cela. Car nous sommes ici sans arme, avec seulement des sifflets et notre cœur pour nous battre.» Une de ses