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reportage

A Kiev, une nuit de veille révolutionnaire

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Le centre de la capitale ukrainienne est entièrement aux mains des manifestants, pour qui le départ du Président est inéluctable.
A protester participates in a demonstration at Independance Square in Kiev December 2, 2013. Ukrainian opposition leaders called on Sunday for President Viktor Yanukovich and his government to resign at a huge pro-Europe rally of about 350,000 people, marred by violent clashes between protesters and riot police. In the biggest protest in the capital Kiev since the "Orange Revolution" of nine years ago, opposition leaders denounced Yanukovich for walking away from a pact offered by the European Union and swi (REUTERS)
publié le 2 décembre 2013 à 22h46

A 2 heures du matin, le centre de Kiev a un air de fête foraine qui refuse de s'éteindre. La grande avenue Krechtchatik est fermée à la circulation, ses trottoirs et chaussée sont livrés à des milliers de promeneurs noctambules agitant des drapeaux aux couleurs de l'Ukraine ou de l'Union européenne. Pour la première fois depuis la révolution orange de 2004, le cœur de la capitale a été envahi par des centaines de milliers de manifestants, qui comptent rester dans la rue jusqu'à ce que le Président et son gouvernement donnent leur démission. Les protestataires ont pris d'assaut la Maison des syndicats et l'administration centrale de Kiev, dans lesquels l'opposition a aussitôt installé ses quartiers généraux. Sur la pierre grise de la mairie, on a tagué en noir : «Tribunal révolutionnaire» et «QG de la révolution».

A l'intérieur, tous les lustres sont allumés, la foule va et vient sans se presser, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde de flâner dans les couloirs vides d'une administration au milieu de la nuit. L'un des vestiaires a été transformé en infirmerie, l'autre en cafétéria. Des dizaines de personnes montent et descendent l'imposant escalier tapissé de pourpre qui mène à la grande Salle des colonnes. D'habitude, elle sert de lieu de rassemblement au conseil municipal. Désormais, elle abrite «le peuple et ses véritables représentants», explique un jeune homme, un drapeau aux couleurs de l'Ukraine en bandoulière. Le long des murs,