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Analyse

La Russie veut garder sa mainmise

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Moscou est à la manœuvre pour contrecarrer l’orientation européenne d’une partie des Ukrainiens.
publié le 2 décembre 2013 à 22h46

Piqué par les velléités européennes de Kiev, le Kremlin n'entend pas perdre la main sur un voisin qu'il peine à considérer comme un Etat souverain. L'Ukraine revêt une importance particulière pour la Russie, partageant avec elle une histoire et une culture communes, ce qui explique, selon le politologue Dmitri Trénine, l'attitude «émotionnelle» de Vladimir Poutine à son égard. Mais cette évocation sentimentale du passé commun, parfois instrumentalisée, est repoussée par les europhiles ukrainiens, qui estiment avoir été coupés de la «famille» européenne par l'Union soviétique. Bien que l'Ukraine ait déclaré son indépendance il y a plus de vingt ans, Moscou n'a pas renoncé à son droit de regard sur les affaires du pays. «C'est un paradoxe flagrant de sa politique étrangère : la Russie pratique l'ingérence alors qu'elle ne cesse de la dénoncer», analyse Alexandra Goujon, maître de conférences à l'université de Bourgogne.

Soucieuse de rester maître du jeu dans l’espace postsoviétique, la puissante Russie sait généralement trouver les mots et les moyens pour ramener les pays concernés à la raison. Elle use de sa diplomatie économique afin de punir les désobéissants et contrecarrer les projets indésirables. Le tarif du gaz russe demeure l’un des leviers les plus efficaces.

Accusé d'exercer des pressions, Moscou se méfie de l'intérêt de l'UE pour son «étranger proche». Le faux bond ukrainien a plombé l'ambiance au sommet européen de Vilnius jeudi