Directeur du quotidien ivoirien pro-gouvernemental Fraternité matin, l'écrivain et journaliste Venance Konan explique comment est perçu l'activisme de Paris sur le continent africain.
Comment réagissez-vous au déploiement de troupes françaises en Centrafrique ?
Hélas ! Plus de cinquante ans après nos indépendances, nous en sommes réduits à voir les Français régler ce genre de problèmes. Dans le cas de la Centrafrique, cela nous rappelle l'époque où l'armée française débarquait à Bangui avec un président dans la soute d'un Transall [David Dacko, en 1979, propulsé à la place de Bokassa, ndlr]. Mais la différence, cette fois, c'est que l'intervention ne vise pas à imposer un dictateur mais à secourir un peuple en danger.
Après la Côte-d’Ivoire en 2011, le Mali cette année, cette nouvelle opération ne suscite-t-elle pas des critiques en Afrique ?
Chez certains, oui, mais ils sont gênés aux entournures : en Côte-d'Ivoire, la France a évité que le pays bascule dans une guerre terrible et permis de rétablir une démocratie mise à mal. Au Mali, elle a sauvé un pays et toute une région de la menace des groupes islamistes. Sans cette intervention, ils seraient aujourd'hui à Abidjan ! Le vrai problème, c'est que nos Etats n'ont pas d'armées dignes de ce nom. Regardez le Nigeria, qui ne parvient pas à venir à bout de Boko Haram [organisation terroriste islamiste implantée dans le nord du pays]…
En prenant en charge les questions de sécurité dans ses ex-colonies par le biais d’accords de défense, la France n’a-t-elle pas une part de responsabilité ?
Dans certains pays, comme la Côte-d’Ivoire ou le Gabon, sans doute. Mais on ne peut pas imputer tous nos maux à la France. Les accords passés avec Félix Houphouët-Boigny ou Omar Bongo dans les années 60 appartiennent à une époque révolue. Nos responsables doivent assurer not