Intervenir pour ne plus avoir à intervenir : c'est tout le paradoxe de l'opération Sangaris que Paris s'apprête à lancer en République centrafricaine, une ex-colonie (lire ci-contre). A son corps défendant, le gendarme de l'Afrique reprend du service. Et la France a beau répéter qu'elle veut promouvoir «l'africanisation» de la sécurité dans son ancien pré carré, pour mieux se concentrer sur la défense de ses intérêts économiques et la (re)conquête de parts de marché, elle multiplie les opérations armées. La Côte-d'Ivoire en 2011, le Mali début 2013 et aujourd'hui la Centrafrique : jamais, sans doute, la France n'a fait preuve d'un tel activisme militaire sur un temps aussi court pendant que d'autres pays - la Chine, l'Inde, la Turquie - investissent à tout va.
Certes, Bangui n'est pas Tombouctou. Cette fois, les troupes françaises n'interviendront pas seules mais «en soutien» de la force panafricaine déjà présente sur place depuis de longs mois. Et totalement dépassée par la spirale de violences qui s'est emparée de la Centrafrique. Avec un millier d'hommes, l'armée française ne sera pas en mesure de faire des miracles dans un pays plus vaste que l'Hexagone et dont des pans entiers échappent à tout contrôle. En réalité, outre une présence dissuasive à Bangui et dans certains points clés du territoire, l'un des objectifs principaux de cette opération est bien d'inciter les pays africains de la région à prendre la crise centrafricaine à bras-le-corps.