«Nous sommes chavistes, mais nous ne lâcherons rien !» clame José Pino qui, comme 15 000 autres ouvriers, est de nouveau en grève contre la direction socialiste de Sidor (Sidérurgie de l'Orénoque) : «Nous voulons seulement que le contrat collectif soit respecté.» A deux jours des élections municipales de dimanche que le président vénézuélien, Nicolás Maduro, compte transformer en test de popularité, les «Sidoristes» continuent de défier ouvertement le gouvernement. Ils réclament l'équivalent de plusieurs millions d'euros d'impayés depuis la nationalisation de la gigantesque aciérie, en 2008.
Tout en se promenant au milieu d'une forêt d'entrepôts et d'arbres de métal décharnés et rouillés, à l'entrée de la zone industrielle de Puerto Ordaz, à 500 km au sud-est de Caracas, dans l'Etat de Bolívar, José Pino trépigne : «Notre feuille de paie n'a pas été actualisée, nos salaires auraient dû être triplés depuis 2008 !» Après vingt-sept ans à soulever des barres d'acier, il ne gagne que 6 000 bolivars mensuels (environ 700 euros), soit le double du salaire minimum pour élever ses huit enfants. «Les conditions de travail sont meilleures, on a enfin deux jours de repos par semaine et on ne travaille plus que 40 heures, mais là, avec la crise, les salaires ne suffisent plus», soupire-t-il.
Échec. La grogne a commencé de manière informelle cet été, quelques mois après la mort de l'ex-président Hugo Chávez. «Av