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L’essence du mythe

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De jeune avocat à chef militaire, prisonnier insoumis puis président d’une nation réconciliée, Nelson Mandela a su écrire sa propre légende.
publié le 6 décembre 2013 à 20h16

«Après Mandela, la vie continue.» Ainsi parlait Nelson Mandela alors qu'il était encore président. «Madiba», le surnom affectueux qu'on lui donne en Afrique du Sud, tiré de son nom de clan xhosa, était bien conscient de son immense ascendant. Il a souvent été le premier à écrire sa propre légende. Depuis sa retraite politique, en 1999, il avait dit s'atteler au second volume de ses mémoires, finalement paru, en octobre 2010, sous forme de compilation de lettres, de documents et de carnets (1).

Dès son plus jeune âge, dans les montagnes de son Transkei natal (dans le sud du pays), il est élevé comme un enfant spécial, préparé à une destinée hors du commun. Il serait le principal conseiller de la chefferie de son clan, les Thembus, en pays xhosa. Ainsi en avait décidé son oncle, sans prévoir l'influence qu'aurait l'école méthodiste sur un jeune homme épris de liberté. A 28 ans, devenu l'un des 18 avocats noirs du pays, Mandela entame une ascension politique fulgurante. L'impression physique qu'il fait à ceux qui le rencontrent pour la première fois joue beaucoup dans sa réussite, estime le politologue sud-africain Tom Lodge (2). Il est grand, le corps sculpté par les entraînements de boxe, et s'habille toujours avec soin. De lui émane «une extraordinaire confiance en soi», avec une touche de vanité et beaucoup d'ambition, ce qui n'irrite pas seulement les Blancs. En avril 1952, rappelle Lodge, il «déconcerte une assemblée de notables de l'ANC, pour la plup