Nelson Rolihlahla Mandela, dit «Madiba», est mort et la planète est en deuil. Hospitalisé quatre fois depuis décembre 2012 pour des problèmes pulmonaires, le leader anti-apartheid a succombé jeudi soir. Le combat de ce géant politique a largement dépassé les frontières de son pays. Peu d’hommes ont de leur vivant suscité une telle ferveur, peu de leaders ont réussi à construire leur légende en dépassant la peur de l’autre et les rancœurs du passé. L’ancien prisonnier politique, devenu premier président noir d’une Afrique du Sud enfin libre, a œuvré sans relâche à la réconciliation nationale dans une société traumatisée par des décennies de violence et un racisme érigé en religion d’Etat.
«Tous les hommes, expliquera-t-il un jour, même ceux apparemment les plus inaccessibles à la pitié, ont toujours un fond de bonté. Si on arrive à toucher leur cœur, il est possible de les faire changer.» Cette inébranlable foi dans la nature humaine a fait de l'athée Mandela un véritable saint. Aujourd'hui, l'Afrique du Sud pleure l'un de ses libérateurs et surtout l'apôtre du grand pardon des Noirs aux Blancs. L'ancien avocat, qui a passé le tiers de sa vie en prison, a su imposer la tolérance dans l'une des sociétés les plus divisées au monde. Mais rien n'était acquis et c'est le vieil homme qui sera auréolé et adulé du monde entier quand le jeune combattant fougueux a longtemps été traité de «terroriste» par ceux qui, comme Margaret Thatcher, ne voyaient son comb