La figure de Winnie Mandela a largement contribué au mythe Nelson Mandela, avant d’en devenir la partie obscure.
En 1980, quand le mouvement anti-apartheid lance la campagne «Free Mandela !», c’est sur Winnie que les projecteurs se braquent, faute de pouvoir atteindre Nelson, en prison. La belle épouse se trouve alors depuis trois ans en exil intérieur, bannie dans le township rural de Brandfort, à 365 kilomètres de Johannesburg. Agée de 44 ans, elle a déjà de hauts faits d’arme contre l’apartheid à son actif.
Emeutes. Winnie Mandela a démis l'épaule d'un policier lors d'une arrestation mouvementée, elle a passé des années en prison, connu l'isolement et la torture, puis a été accusée d'avoir fomenté les émeutes écolières de Soweto, en 1976. A Brandfort, Winnie commence à prendre sa revanche : visiteurs, chèques et cadeaux affluent du monde entier grâce à la campagne pour la libération de Nelson.
Elle accueille les journalistes étrangers et devient le prolongement physique de son mari, même si elle ne parvient pas à s'imposer dans les structures internes du Congrès national africain (l'ANC), en exil, ni dans celles du Front démocratique unifié (UDF), vaste regroupement d'associations, de syndicats et d'Eglises opposés au régime de l'apartheid. Un tournant est pris au cours de l'année 1984 : elle a le droit, pour la première fois, d'embrasser Nelson, qu'elle n'a pas touché depuis vingt et un ans. Il a 66 ans, elle en a 48. «C'était un in