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Libération
Interview

«Il avait préparé le pays à son départ»

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Selon le chercheur J. Peter Pham, le défi de l’Afrique du Sud reste encore sa «libération économique» :
publié le 8 décembre 2013 à 21h41

La grandeur de Mandela est aussi d’avoir bien préparé son pays à sa disparition, explique J. Peter Pham, directeur des études africaines de l’Atlantic Council à Washington et lauréat d’un prix de la Fondation Mandela pour son travail académique.

Que va devenir l’Afrique du Sud après la mort de Mandela ?

L’Afrique du Sud et l’humanité entière ont perdu une très grande figure. Mais Mandela avait préparé son pays autant que possible à son départ. Il avait choisi de n’effectuer qu’un seul mandat de président, alors même qu’il aurait pu se faire élire jusqu’à la fin de ses jours. Il a déjà eu deux successeurs à la présidence. En cela aussi, il fut une exception. Dans l’histoire de l’Afrique subsaharienne, très peu d’autres pays peuvent se flatter, vingt ans après la transition du pouvoir, d’avoir encore une démocratie qui fonctionne et une croissance économique positive, même si elle n’est pas aussi solide qu’elle devrait l’être. Pour s’assurer que la transition serait pacifique, Mandela a dû faire des compromis. La libération économique a pris du retard sur la libération politique. Le taux de chômage dépasse encore 25% et même 50% pour les jeunes Noirs. Beaucoup profitent de transferts sociaux qui ne sont pas tenables. Le système éducatif, contrôlé par les syndicats d’enseignants, condamne beaucoup de Noirs à l’échec.

Que peut attendre aussi le reste du continent de l’Afrique du Sud ?

En chiffres bruts, son PIB pèse pour un quart de toute l’économie