La mort de Mandela touche particulièrement les Afro-Américains parce que «Madiba» a incarné la résistance à l'apartheid d'une manière qui leur rappelle leur propre lutte pour abolir la ségrégation et rétablir leurs droits civiques, il y a cinquante ans. C'est que l'Afrique du Sud et les Etats-Unis ont eu en partage des systèmes violents de domination raciale aux caractéristiques très similaires. En 1916, Maurice Evans, un Sud-Africain blanc voyageant dans le Sud des Etats-Unis, remarquait avec plaisir à quel point cette région était semblable à son pays : «La séparation des races dans tous les domaines y est aussi rigoureuse qu'en Afrique du Sud…» Au vrai, la gémellité de l'apartheid sud-africain et de la ségrégation nord-américaine a frappé les contemporains, y compris Martin Luther King et Nelson Mandela. Certes, l'évolution des deux systèmes divergea après la Seconde Guerre mondiale : l'apartheid sud-africain se renforça tandis que la ségrégation américaine s'affaiblit. Mandela entra en prison au moment où les Noirs américains obtenaient l'interdiction de la ségrégation.
Depuis les années 1930, la situation sud-africaine a suscité dans le monde noir américain de fortes mobilisations : des meetings, des levées de fonds furent organisés pour aider les militants de l'ANC, comme au moment de la grande grève des mineurs d'or en 1946. Ce faisant, les militants noirs américains s'opposaient à la politique de leur propre pays, qui soutenait l'Etat raciste d'Afrique du Sud