Dès sa sortie de prison, en février 1990, celui qui avait pris les armes pour ses idéaux prône la réconciliation. Alors que le pays émerge de décennies d'oppression raciste, Nelson Mandela demande alors l'impossible à ses concitoyens noirs : pardonner à leurs bourreaux. Lui-même, pour montrer l'exemple, rend visite à l'ancien chef d'Etat Pieter W. Botha, et prend le thé chez Betsie Verwoerd, veuve de l'architecte de l'apartheid, Hendrik Verwoerd. Il va même jusqu'à organiser une réception pour le chef des services secrets de l'apartheid, Niels Barnard, lors de son départ à la retraite. Georges Bizos, son ami et avocat durant le procès de Rivonia, ne peut masquer son admiration : «Je ne peux lui trouver qu'un seul défaut : il était trop généreux. Un jour, alors qu'il était président, il voulait que je retrouve un jeune homme qui, sur les bancs de l'université, avait refusé de s'asseoir à ses côtés à cause de sa couleur de peau. Il voulait l'inviter à sa table !»
Méfiance. L'humanité a besoin de héros. Et Mandela est l'une des rares personnalités à susciter un tel consensus. «Il a uni l'Afrique du Sud. Il a détruit les barrières raciales», lançait hier David Masego, qui dansait, le poing levé, «pour célébrer la vie» de l'icône sud-africaine. «Aujourd'hui, nous lui disons : "Repose en paix, Madiba, nous continuerons ton combat."» Mais si Mandela a réussi à inspirer les Sud-Africains et à leur donner suffis