Al'ombre des palmiers de la rambla de Montevideo, les cyclistes pédalent sans forcer et l'on observe nonchalamment le soleil disparaître dans les eaux brunes du rio de la Plata. Pour beaucoup, un maté à la main et un thermos calé sous le bras. Pour certains, un pétard aux lèvres. Ici, la consommation de drogue, de toutes les drogues, est autorisée. C'est la Constitution qui le garantit, par son article 10 : «Les actions privées […] qui n'attaquent en aucune manière l'ordre public ni ne nuisent à un tiers sont exemptes de l'autorité des magistrats.»
«Il y a un ADN uruguayen très particulier, tente d'expliquer Julio Calzada, le secrétaire d'Etat aux Drogues, quand on lui demande pourquoi son petit pays de 3,5 millions d'habitants, à la réputation conservatrice, est si souvent à la pointe sur les questions de mœurs. Pour ce qui est des drogues, 90% des usagers sont des fumeurs de cannabis. Et, pour consommer, il faut bien s'approvisionner. Sauf que la production, comme la vente, étaient interdits.» C'est le Président, José Mujica, ancien guérillero Tupamaro et résolument engagé socialement, qui a impulsé le texte de loi, même si, précise Calzada, «ce n'est pas qu'une loi de la gauche. Les quatre partis représentés étaient d'accord sur la nécessité d'avancer sur cette question».
Le projet de loi, qui divise l’opinion publique, a donc été approuvé sans encombre par la Chambre des députés le 31 juillet, et il devrait en être de même auj