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Libération
Interview

«Des groupes de la région pourraient régler des comptes avec la France»

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Jean-Christophe Notin, spécialiste des opérations militaires :
publié le 10 décembre 2013 à 20h56
(mis à jour le 10 décembre 2013 à 20h56)

Auteur de plusieurs ouvrages consacrés aux interventions militaires récentes de la France, Jean-Christophe Notin vient de publier le Scorpion et le Crocodile (éditions du Rocher) sur la crise de 2010-2011 en Côte-d'Ivoire.

L’armée française a-t-elle les moyens de mener deux interventions en Afrique en un an ?

Oui, ne versons pas dans le misérabilisme. L’opération Sangaris ne mobilise que 1 600 hommes. On est sur un modèle réduit, du type de celui qui a été utilisé à Abidjan durant la crise post-électorale en 2010-2011. Mais, avec cet effectif, on peut contrôler l’aéroport, deux quartiers et des axes principaux. Pas beaucoup plus.

Et sur le plan financier ?

C’est le transport aérien qui coûte cher. Du fait d’un déficit chronique en avion de transport, l’armée recourt à la location d’Antonov dont l’heure de vol coûte 50 000 euros. On a dépensé 600 millions d’euros pour l’opération Serval, dont la moitié rien que pour le transport aérien. Au-delà de ces considérations financières, reste à savoir si le pouvoir politique assumera le coût humain de cette opération.

Paris a demandé aux soldats français de désarmer les miliciens. Est-ce faisable ?

Ce n’est pas du tout évident. En Côte- d’Ivoire, il a fallu le vote d’un paquet de résolutions de l’ONU et plusieurs années d’attente avant que le processus soit enclenché. Avec quel résultat ? En fin de compte, les Casques bleus déployés sur place ont récupéré un millier de fusils… Tout le monde avait gardé ses armes en sous-main. A Bangui, les miliciens vont faire de même. Il n’y a plus d’Etat, plus d’autorité. Les gens se protègent eux-mêmes. En procédant au désarmement, on se mêle des affaires du pays, le tout en l’absence