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Interview

«Nelson Mandela, c’était un mythe redevenu homme»

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Mandela, une vie pour la réconciliationdossier
Le romancier André Brink revient sur la personnalité exceptionnelle du leader et sur son héritage politique :
publié le 10 décembre 2013 à 20h06

Figure emblématique de la lutte anti-apartheid, le romancier afrikaner André Brink (auteur notamment d'Une saison blanche et sèche) évoque ses conversations avec le leader de l'ANC et ce qu'il léguera à l'Afrique du Sud.

Comment décririez-vous Mandela ?

C’était une personnalité transparente, simple. Avec lui, tout était tellement clair. En même temps, c’était un homme d’une incroyable complexité. Quand je l’ai rencontré après sa libération, c’était un homme pressé. Il avait tant à faire. Je l’ai vu pour la dernière fois en 2007, il était déjà très faible, mais d’une grande lucidité. Nous avons eu la chance unique et inouïe d’avoir deux personnalités, lui et Desmond Tutu, au même moment dans le même pays. J’ai écrit dans mes mémoires que j’aurais pu mourir après ma rencontre avec Nelson Mandela lorsqu’il m’a confié que la lecture avait changé sa vision du monde. Ce moment a été un grand bonheur. Le point culminant de ma vie.

A l’étranger, on se pose parfois la question de savoir si tout va bien entre Noirs et Blancs en Afrique du Sud. Qu’en pensez-vous ?

L’énorme épanchement de peine après la mort de Mandela devrait avoir démontré au monde entier à quel point TOUS les Sud-Africains, j’insiste sur les majuscules, partagent leurs croyances essentielles et leurs émotions, d’une manière remarquable. Bien sûr, le chemin reste long avant que nous puissions être simplement, tous ensemble, des Sud-Africains. Mais nous le savons déjà : ce que nou