Un bref instant, Jean-Martin semble nostalgique, presque heureux de se remémorer l'époque où chrétiens et musulmans vivaient en paix. C'est encore si proche. Il parle lentement, sans colère. «Après leurs prières, les musulmans venaient dans notre cour. On parlait, on riait ensemble», se souvient ce gardien de maison, qui flotte dans une chemise sombre à fines rayures blanches beaucoup trop grande pour sa maigre carrure.
Jean-Martin a une cinquantaine d'années. Il est né et a grandi dans le quartier populaire de Boy-Rabé, dans le nord de Bangui. «Nous étions comme des frères. Nous n'avions pas de problème, chacun priait comme il voulait, nous à l'église, eux ici», répète-il. Dans son dos, on aperçoit les ruines de la mosquée du quartier et celles des maisons des familles musulmanes. Toutes détruites. Seul le minaret de la mosquée a résisté aux casseurs. «Nous voulons la paix et la démission du président Djotodia [musulman, ndlr], c'est tout ce que nous demandons», souffle Jean-Martin.
Hache. Un jeune approche. Il tient quelques pages du Coran, ramassées par terre, au milieu des décombres. Il lève les bras au ciel, les déchire violemment en plusieurs morceaux. Jean-Martin le regarde faire sans réagir.
A ses côtés, Jasmine, tient à montrer sa maison, à quelques pas du champ de ruines. Sur sa porte : un coup de hache, trace d'une attaque des ex-rebelles de la Séléka qui ont pris le pouvoir en mars, renversant